Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz
Monsieur le Chancelier,
nous saluons le fait que vous ayez jusqu'à présent pris en considération les risques: le risque de propagation de la guerre en Ukraine; le risque d'extension à toute l'Europe; et en plus, le risque d'une troisième guerre mondiale. Nous espérons donc que vous reviendrez à votre position initiale et que vous ne fournirez pas, directement ou indirectement, de nouvelles armes lourdes à l'Ukraine. Au contraire, nous vous demandons instamment de tout mettre en œuvre pour qu'un cessez-le-feu puisse être conclu le plus rapidement possible ; un compromis acceptable pour les deux parties.
Nous partageons le jugement selon lequel l'agression russe constitue une violation de la norme fondamentale du droit international. Nous partageons également la conviction qu'il existe un devoir politique et moral de principe de ne pas reculer devant la violence agressive sans se défendre. Mais tout ce qui peut en être déduit a des limites dans d'autres préceptes de l'éthique politique.
Nous sommes convaincus que deux de ces limites ont été atteintes: premièrement, l'interdiction catégorique d'accepter un risque manifeste d'escalade de cette guerre vers un conflit nucléaire. La livraison de grandes quantités d'armes lourdes pourrait toutefois faire de l'Allemagne un belligérant. Et une riposte russe pourrait alors déclencher le cas d'assistance prévu par le traité de l'OTAN et donc le danger immédiat d'une guerre mondiale. La deuxième limite est le niveau de destruction et de souffrance humaine de la population civile ukrainienne. Même la résistance justifiée contre un agresseur finit par être insupportablement disproportionnée par rapport à cela.
Nous mettons en garde contre une double erreur: d'une part, que la responsabilité du risque d'escalade vers un conflit nucléaire incombe uniquement à l'agresseur initial et non à ceux qui, les yeux fermés, lui fournissent un motif pour agir de manière éventuellement criminelle. Et d'autre part, que la décision sur la responsabilité morale du "coût" supplémentaire en vies humaines de la population civile ukrainienne relève exclusivement de la compétence de son gouvernement. Les normes morales contraignantes sont de nature universelle.
L'escalade de l'armement sous la pression pourrait être le début d'une spirale d'armement mondiale aux conséquences catastrophiques, notamment pour la santé mondiale et le changement climatique. Malgré toutes les différences, il convient d'aspirer à une paix mondiale. L'approche européenne de la diversité commune est un modèle à cet égard.
Nous sommes convaincus, Monsieur le Chancelier, que le chef du gouvernement allemand peut contribuer de manière décisive à une solution qui tienne la route face au jugement de l'histoire. Non seulement au regard de notre puissance (économique) actuelle, mais aussi au regard de notre responsabilité historique - et dans l'espoir d'un avenir pacifique commun.
Nous comptons sur vous!
Cordialement
LES PREMIER(E)S SIGNATAIR(E)S
Andreas Dresen, Filmemacher
Lars Eidinger, Schauspieler
Dr. Svenja Flaßpöhler, Philosophin
Prof. Dr. Elisa Hoven, Strafrechtlerin
Alexander Kluge, Intellektueller
Heinz Mack, Bildhauer
Gisela Marx, Filmproduzentin
Prof. Dr. Reinhard Merkel, Strafrechtler und Rechtsphilosoph
Prof. Dr. Wolfgang Merkel, Politikwissenschaftler
Reinhard Mey, Musiker
Dieter Nuhr, Kabarettist
Gerhard Polt, Kabarettist
Helke Sander, Filmemacherin
HA Schult, Künstler
Alice Schwarzer, Journalistin
Robert Seethaler, Schriftsteller
Edgar Selge, Schauspieler
Antje Vollmer, Theologin und grüne Politikerin
Franziska Walser, Schauspielerin
Martin Walser, Schriftsteller
Prof. Dr. Peter Weibel, Kunst- und Medientheoretiker
Christoph, Karl und Michael Well, Musiker
Prof. Dr. Harald Welzer, Sozialpsychologe
Ranga Yogeshwar, Wissenschaftsjournalist
Juli Zeh, Schriftstellerin
Prof. Dr. Siegfried Zielinski, Medientheoretiker